Voici un bref Historique

 Gagnon

  notre belle ville.

 

            

 

        Dans les années 50, soit plus précisément en 1957, une équipe fut envoyée au Lac Jeannine pour vérifier le potentiel de fer de cette région.  Les recherches démontrèrent qu’il était profitable d’exploiter ce nouveau coin de pays.  L’étude fut concluante et il fallait maintenant faire venir la main d’oeuvre nécessaire pour donner naissance à ce projet.  Plusieurs équipes furent envoyées dans la région.  Bien entendu, ce nouveau        site n’offrait pas beaucoup de divertissements, en plein milieu des bois, le seul moyen d’y entrer ou d’en sortir, restait l’hydravion.  Vu l’étendue du projet, il fallait maintenant songer à construire une ville.

        Son emplacement n’a pas posé de problème.  On pouvait trouver non     loin  du Lac Jeannine une grande étendue d’eau plus connue sous le nom du Lac Barbel.  Cet endroit, d’une grande beauté fut rapidement adopté comme lesite idéal pour construire la ville de Gagnon.

        Gagnon fut incorporé le 28 janvier 1960.  On donna le nom de la ville en   l’honneur du ministre des mines et lieutenant gouverneur du Québec de l’époque,  soit  l’honorable Onésime Gagnon.  Cette petite ville était située à 172 milles au sud-ouest de Wabush.  Gagnon faisait partie du Canton Chiasson.

        Il fallut peu de temps pour faire de Gagnon une vraie ville.  Il se construisait environ 25 maisons par mois.  Les premières furent construites sur la rue 2A.   Il s’agissait de maisons à quatre (4) logements.  S’en suivirent par la suite des différents services tel que le centre récréatif, Centre de loisirs Severson, La bibliothèque, la clinique vétérinaire, la Banque Royale, La Banque Impériale de Commerce, Le Manoir Cartier, Le Barbel Lodge, l’hôtel Barbel, la cafétéria, la Baie d’Hudson, le garage Turbide et Gulf Service, Compagnie Taxi Gagnon, le nettoyeur Gagnon,  Hôpital de Gagnon, la pharmacie, l’Aéroport, le centre commercial Laurent Brodeur, une école anglaise et deux françaises et un église catholique et une protestante.

        La ville prit rapidement de l’ampleur.  Les travailleurs venaient de plusieurs secteurs mais en majorité de la péninsule gaspésienne, de la côte sud, de la côte nord, du Saguenay et du Lac Saint Jean.  Les minorités venaient de l’Abitibi, Montréal ainsi que quelques-uns de Québec.  En 1960, on pouvait déjà compter environ 1250 habitants et c’est à peu près en 1979 que la population de Gagnon fut à son plus haut niveau, soit 4200 habitants.  Il y eut environ 363 mariages et environ 2068 naissances de 1960 à 1984, dont 169 en 1964.  Il semble que la télévision n’était très populaire à Gagnon.

        Les gens pouvaient se distraire de plusieurs façons.  Il y avait l’aréna dotée d’une magnifique piscine, et une patinoire qui se transformait en endroit pour jouer au badminton l’été. Pour les sportifs, le gymnase de l'école française, n’avait rien à envier à ceux des grands centres. Le Chalet des Bouleaux était principalement affectionné par les motoneigistes.  On pouvait également y danser en écoutant de la musique jouée en majorité par Monsieur Aspiro.  Je suis certaine que tous peuvent se rappeler “J’entends frapper”.  N’oublions pas les Mooses où les gens se regroupaient pour danser ou performer.  Le piano bar Chez Alain était également un endroit où les gens aimaient fêter.  Nous avions bien entendu nos motards, soit Les Road Sailer et Les Moustiques.

          Dans cette petite ville éloignée, tous les services étaient offerts et même plus.  Elle était vouée à un avenir florissant, même si en 1970 on pouvait constater que les ressources du Lac Jeannine seraient épuisées dès 1977.  Dés lors, l’exploitation d’un autre gisement, soit celui de Fire Lake situé à 55 milles ce qui assurait la survie de Gagnon, mais malheureusement la crise du fer de 1982 l'emporta sur notre petite ville.

          Pour faire d'une histoire très longue, une courte, il y eut un combat féroce entre la compétition qui offrait du fer de meilleure qualité et à moindre prix, et la compagnie Québec Cartier.  Gagnon perdit.  Le 12 octobre 1984, une annonce déchirante, surtout pour les habitants de Gagnon, fut faite.  C’était certain, Gagnon fermait.  Les gens seraient tous déportés supposément de façon humaine et toujours supposément, relocalisés si possible.  Les gouvernements de l’époque devaient faire en sorte que les choses se passent bien, et que les habitants ne souffrent pas trop de la situation, mais comment ne pas en souffrir.

        Plusieurs enfants, environ 2068 furent déracinés, sans compter les autres gens qui y ont laissé leur vie.  Étrange, me direz-vous?  Imaginez combien étrange justement ce fut pour celles et ceux qui ont vu le jour à Gagnon.  Nous parlons en toute connaissance de cause car nous y avons vu le jour.  Quand Gagnon a fermé, une partie de nous y est restée.

 

Texte de Sylvie Fougère